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UnderKultur Cinéma Terry Gilliam

 \\\\ "Brazil " ////

Réaliser par Terry Gilliam. (Brazil / USA / 1984)

De tous ces films pionniers du cinéma de demain, "Brazil", insolite, dérangeant 
et si souvent atroce, est assurément le plus festif !

Scénario

   Quelques part au 21eme siècle : une cité de béton et de verre, de luxe et de misère. Policiers et fonctionnaires tentent d'y imposer l'ordre totalitaire. Mais le système a des ratés aux conséquences tragiques (tel l'assassinat de Buttle l'innocent, à la place de Tuttle le poseur de bombes). Épris de Jill la rebelle, Sam, un bureaucrate las de plier l'échine, partage malgré lui le combat de Tuttle. Arrêté, torturé, il succombera en rêvant au merveilleux "ailleurs" qu'évoque cette samba autrefois populaire, Brazil !

Affiche de Brazil
Fiche Technique

Sam : Jonathan Pryce
Tuttle : Robert De Niro
Jill : Kim Greist
et Bob Hoskins, Michael Palin, Katherine Helmond.

Durée : 2h22

Réalisateur : Terry Gilliam
Scénario : Terry Gilliam, Tom Stoppard, Charles McKeon
Producteur : Arnon Milchgan pour 20th Century Fox
Directeur de la photo : Roger Pratt
Décor : Norman Garwood
Musique : Michael Kamen
Effets spéciaux : George Gibbs

Le réalisateur en bref

Terry Gilliam et les Monty Python

   Dans les années 70, à la télévision et au cinéma, le groupe anglais des Monty Python a dynamité par le ridicule les valeurs établies de l'establishement britannique ("Sacré Graal", 1974 ; "La Vie de Brian", 1979). Le seul Américain d'entre eux, Terry Gilliam, né à Minneapolis en 1940, a laissé libre cours à son imagination délirante dans "Bandits, Bandits" (1981) et "Les Aventures du baron de Münchhausen" (1988), flamboyantes imageries. Avec "Fisher King" (1991), il a retrouvé, en mineur, le ton de la fable sociable et fantastique de "Brazil".

Si vous aimé ce film, vous aimerez : 

Le livre : 1984 de Georges Orwell
L'écrivain : Kafka
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Dérisoire et effervescent

   Ce film, au-delà de ses évidentes qualités techniques et narratives, et de son statut de film culte d’entre les films cultes, s’est transformé avec le temps, partant d’un « film contre le système », pour finalement devenir un combat de son réalisateur contre ce même système. Ainsi, « Brazil » symbolise à la perfection un cinéma, non pas élitiste ou enfermé dans un quelconque costume, mais simplement une expression artistique vivante, qui cultive ses différences et n’accepte aucun compromis.

   Qui met un pied dans cet univers à hurler de rire et pleurer de désespoir, n’en ressort pas indemne. Un film hors du temps, hors de tout qui relève les pires conneries bureaucratiques. D’après Gilliam lui même, ce film est un croisement entre Capra et Kafka. Le réalisateur s’est fait plaisir et mêle jeu d’illusions, parodies féroces, délires ébouriffés et trouvailles jubilatoires. Prestidigitateur de l’impossible (tant de prouesses pour 15 millions de dollars), Terry Gilliam a englouti le « 1984 » d’Orwell ( un des titres de pré-production était : 1984 et demi… ).

   Délire superbement orchestré de visions tragi-comiques où s'estompe la frontière entre cauchemar et réalité. Au-delà des références immanquables (Orwell et Kafka), "Brazil" évoque les univers plastiques de Jérôme Bosch (monstrueux foisonnement)  et de Edvard Munch (inquiétant dépouillement). Les décors sont monstrueux et la bande son ahurissante. Montreur d'images, le cinéaste se livre à une autopsie de l'organisme social.

   L’acteur Jonathan Pryce explose littéralement dans un rôle d’anti-héros refusant de se plier à cet état concentrationnaire. Au point de nous faire presque oublier l’apparition furtive de Robert De Niro en plombier-terroriste.

   Mettez le DVD, appuyez juste sur Play et plonger directement dans un monde au confins de vos angoisses et de vos humeurs paradoxales. Dans brazil tout est magnifique et écœurant, ravagé et drôle, sensible et hors de portée, futile et obsessionnel. Un ange vole librement malgré l’énorme armure qui pèse sur son dos et une déesse s’abrutit dans un ballet de camions gigantesques et d’usines enfumées. Le désordre organisé règne. Paperasse rime avec pagaille et la moindre mouche écrasée peut changer le destin d’un homme. Dans cette société inepte (stupide) et inapte à quoi que ce soit, on ne peut être que POUR le système (fonctionnaire) ou CONTRE (terroriste).

   Tout individualisme est interdit par la routine aliénante de la machine bureaucratique.

   Comme nombre de ses contemporains, Gilliam ne croit plus possible de sauver un monde malade en changeant seulement l'idéologie qui le gouverne. Le réalisateur propose deux leviers d'une radicale remise en question de l'ordre des choses : L'HUMOUR et L'IMAGINAIRE. Sam le (anti-)héros du film utilise les deux comme moyen d'échapper à l'enfer du quotidien et d'atteindre, sur les ailes du rêve, le pays enchanté où coexistent liberté, beauté et amour. Mais ce voyage est semé d'embûches et après quelques combats oniriques, Sam sort vainqueur. Il incarne le porteur d'un fol espoir: la victoire de l'esprit sur la matière. C'est le message implicite de cette oeuvre, ancrée au cœur des préoccupations de son temps. Un message qu'à leur manière des cinéastes visionnaires comme Gilliam, les frères Joel et Ethan Coen, Emir Kusturica ou Wim Wenders, délivrent aussi dans des films qui vont à la rencontre de l'avenir en images qui éveillent les consciences.

   Terry Gilliam souhaitait ne rien s’interdire mais son film n’est jamais sorti tel quel en salle au États-Unis.  Cette satire surréaliste faisait tellement peur aux producteurs d’Universal qu’une seconde version plus courte (2h05 maximum) fût demandée. Universal envisageait aussi de sous-titrer le film « A State Of Mind » (« Un état d’esprit » !!!). Le réalisateur concéda simplement à une fin moins pessimiste.
Finalement la nouvelle version est présentée au festival de Deauville en 1985 et dans le Variety du 02/10/85 Terry Gilliam écrit ces quelques mots à l’attention du boss d’Universal : « Dear Sid Sheinberg, when are you going to release my film, Brazil ? » (Cher Sid Sheinberg, quand allez-vous libérer mon film, Brazil ?).

par Asco / Mars 2005

 

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